Un bijou fait d'or et d'améthyste. [PV : Éli]

J'étais parvenue jusqu'au manoir Fallor.
Je ne savais pas quelle heure il était, mais le soleil n'allait pas tarder pas à pointer le bout de son nez, ainsi je poussais la porte grande porte, sans prévenir ni frapper, avant d'entrer.

Cet endroit est vraiment lugubre, mais c'est parfait pour une succube, je sens que je vais bien m'y plaire. Oui... c'est parfait pour une tanière !

Je jubilais intérieurement. Non pas que je fus matérialiste, non, mais j'allais revoir celle qui avait partagé son sang avec moi, Éli Fallor.
J'étais a présent dans le hall, prête à revoir ma maîtresse tant rêvée. Mais en réalité, ce lieu me semblait bien étrange.

Il n'y a pas âme qui vive ici... ah oui, ils doivent tous être morts ! C'est logique... Oh, j'entends des bruits ! Peut-être est-ce là mon mentor ! Il me tarde de pouvoir enfin la revoir... et surtout de savourer son sang au ciboire.

Les bruits s'amplifiaient, mais je ne pouvais donner leur direction précise. Tout raisonnait ici. Puis elle apparu à mes yeux.

Je tournais en rond comme un fauve en cage. J'étais un fauve en cage. Pas ces choses peureuses et dénaturalisées des cirques. Non. J'étais une furie. Une envie de tuer à peine contenue. Un besoin de massacrer presque pas dissimulée. La Colère à l'état pur.

Je poussais un nouveau hurlement. Un hurlement de rage que s'apparentait à un feulement bestial. J'attrapais une chaise et la balançait à travers la fenêtre. J'éprouvais une satisfaction jubilatoire et nerveuse grâce à cet acte de destruction. Cette misérable petite idiote. Fière et arrogante. Décevante. Inutile. Crevée comme un chat que se serait cru plus rapide qu'un jeune ivre en voiture sport. Cette chose merdique incapable de survivre. Je la haïssais du plus profond de mon être. Je la haïssais. Donna se moqua de moi. Elle m'avait prévenue. Elle m'avait pourtant dit de ne pas sauver une moisissure pareille. Je ne l'avais pas écoutée. Comme d'habitude. Et maintenant, le rire de ma petite m'énervait encore plus.

On toqua à la porte. Je me calmais presque aussitôt. D'une voix calme et douce, je répondis que l'on pouvait entrer. La porte grinça. Un visage blanc et creusé, dont les yeux vides étaient cernés de noir apparut à travers la porte:

-Maître Lucien m’envoie. Il voudrait savoir ce qu'il se passe, Dame Eli.

Je retins un claquement de langue agacé. D'une démarche souple, je m'approchais de ce déchet. Même lui, pauvre loque, était encore vivant. Malgré les traces de morsures qui décoraient son corps nu. Combien de fois avait-il était sucé ? Et il était encore en vie!

La colère me submergea de nouveau. J'ouvris la porte, plantai mes ongles dans la chair de son épaule et le forçai à entrer. Je claquais la porte avec violence. Et je le tuai. Découpant sa peau livide de mes ongles, séparant les différentes parties de son corps. Le martelant de coups. Je le réduisais au néant. Je jetai les restes par ma fenêtre. Ça lui apprendra à appeler Maître Lulu "Maître Lucien". Il était mon maître. Celui de personne d'autre.

Je me sentais enfin un peu calmée. Je m'allongeais sur mon lit, ignorant le bazar de ma chambre. Bras croisés sur ma poitrine, je serrais Donna contre moi. Le vent frais caressait ma peau. Je devais tout faire pour régler cette histoire. Je fermais donc les yeux et me concentrais sur ce nouveau lien. Je ne voulais pas l'effrayer, aussi optais-je pour l'aider à trouver le manoir sans me faire remarquer.

Dès qu'elle fut proche du Manoir, j'ouvris les yeux. Je me redressais rapidement. Je regardais l'état désastreux de ma robe. Il fallait que je change et vite. J'optais pour une robe en dentelle noire. Gothique. Elle faisait ressortir la pâleur de ma teins, l'or de mes cheveux et le bleu de mes yeux. Une merveille.

Je me dépêchais de quitter ma chambre. Je n'oubliais pourtant pas Donna. Elle avait été repérée. Je devais faire vite. Chaque vampire qui m'était inférieur s'était vu vertement rabroué. Aux séniors, je leur expliquais respectueusement que c'était une affaire que Maître Lulu m'avait donné, qu'il regagne leur quartier.

J'arrivais dans le Hall. Pile au moment où elle franchit les portes. Un mélange de haine, de colère et... d'affection me sauta à la gorge. Je la regardais avec hauteur et dédain:

-Ne dis pas un mot. Suis moi.

Et sans plus la regarder, je lui tournais le dos et repris le couloir d'où je venais. Direction le salon privé de Maître Lulu et moi. Nous y serions tranquilles.

Enfin elle se tenait devant moi. Enfin.
Mon cœur était en émoi, bondissant de joie et par ce fait, me procurant des palpitations monstres au travers mon corps froid.
Elle me fixait d'un air si froid et hautain qu'on aurait dit une reflet de celui que je lui jetais moi même à présent. Qu'allait elle faire ? Qu'allait-elle dire ? Un claquement de doigts et j'obéirai.

-Ne dis pas un mot. Suis moi.

A peine ai-je passé cette porte, voila déjà qu'elle m'emporte. Dois-je vraiment la laisser me traiter de la sorte, à user de mots et d’ordres qui m’exhorte ?
Même si je suis sa propriété, vraiment, cette vampire est timbrée ! S'adresser ainsi à ma personne, me demander d'obéir quand on me sonne... voila une chose qui me chiffonne !

Elle se retourna et entama sa marche vers le couloir d'où elle venait. Et moi, bête dressée, je la suivais sans poser de questions, fidèle à cet ordre qui m'eut été donné.Je la regardais de dos, et me disais que la personnes présente dans ces rêves de ces dernières nuits étaient bien elle. Elle se révélait plus dominante dans la réalité quand dans le monde onirique. Dommage.
Nous marchâmes peu de temps avant d'arriver à ce qui semblait être notre destination. Nous entrâmes.

Je parcourais les couloirs jusqu'au salon. Tête haute, regard droit. J'ignorais les regards qui nous observaient sans la moindre discrétion entre les portes entre-ouverte.
Je devais faire vite. Se Maître Lulu n'était pas déjà dans le salon lorsque nous arriverions, cela serais une chance qu'il ne me faudrait pas gaspiller.

Et j'étais chanceuse. Je la laissais entrer après moi, et m'installais dans mon fauteuil et lui montrais un coussin sur le sol pour qu'elle prenne place. Je devais absolument lui faire comprendre que nous n'étions pas égale. Qu'elle était ma... fille. Ma descendante. Que j'avais le pouvoir sur elle. La hiérarchie était très importante chez les vampires. Il fallait absolument qu'elle comprenne le plus tôt possible. Il en allait pour elle de sa survie. Et ne me demandez pas pourquoi je pensais à ça survie, cela risquait de m'énerver encore plus:

-Bon, nous devons faire vite. Dis moi, sais-tu ce que tu es, là ? Est-ce que tu as faim ?

La pièce dans laquelle nous étions entrées était étrangement à mon goût. Quoi qu'un peu trop accueillante.
Je supposais que ce serait mes quartiers, un "chez-moi" qui serait chez les autres. Ma maigre propriété pour leur avoir fait l'honneur de devenir aussi sale qu'eux. Finalement, ces bougres rustres savaient se comporter.

La blanchouillarde s'installa. Mes sentiments à son égards étaient divisés : j'étais inexorablement attirée vers elle, dans tous les sens du terme, je ressentais le besoin de faire ce quelle me disait, et d'un autre coté je ne pouvais supporter ce qu'elle avait fait de moi. Un monstre. J'étais devenue un monstre, mais je restait moi. Je ne pouvais me détester, mon être, naguère si pur et parfait, aujourd'hui corrompu, restait le même.
Assise, elle me désigna un coussin tout fin, posé a même le sol.

Est-ce qu'elle voudrait que je m'assoie ? Je sais qu'elle est maintenant ma maitresse, mais est-ce vraiment de bon aloi ? Cet air supérieur... hum... il faut qu'elle cesse ! Même si elle est dépositaire de ma tutelle, jamais je ne m'agenouillerai devant elle !

Je m'assis donc humblement.
Je prenais position sur le pâle coussin, une jambe par dessus l'autre, assise dans une position qui n'appartenait qu'à moi.
Elle réfléchissait. Peu de temps. On reconnait vite les gens qui réfléchissent et ceux qui agissent bêtement. Je savais de quel type elle était.

-Bon, nous devons faire vite. Dis moi, sais-tu ce que tu es, là ?

Non, je n'en ai aucune idée. Je suis totalement muselée, bercée par le courant de tes désirs douteux, j'ai pas encore compris que je suis une vampire...

J'allais donc lui répondre ce qu'un type qui a deux pénis répondrait à son tailleur si celui-ci lui demandait s'il le porte a gauche ou a droite.

- Oui.

-Est-ce que tu as faim ?

Et voila. Une nouvelle question oratoire. J'espère que ça n'est pas une manie atavique, parce que... vraiment... c'est d'un pathétique. Et y-a-t-il plus pathétique que le dérisoire ?

Je souriais en guise de réponse. Un large sourire qui signifiait à la fois, par lui même et par mon mutisme "Je mangerai un cheval, un troupeau même" - sauf que je ne voulais pas de cheval - et "Ça change quoi puisque j'ai rien à manger ?".
Je me demandais si ça lui avait plu. Et en même temps, je me demandais pourquoi je me demandais ça. Après tout, je ne lui devait rien, elle m'avait changée en monstre... mais une partie de moi l'aimait. Intensément, comme on aime son père ou sa mère, comme on aime son chien quand il sort de la baignoire et qu'il est tout propre, quand on a envie de le prendre dans ses bras et ne jamais le quitter.
J'avais la sensation que ce sourire en tant que réponse allait décider de mon avenir.

Est-ce que ma coque et mon bateau traverseront les époques, ou vais-je ramer à la dure, dans une chaloupe pleine de fissure ?

» Axel, qui est en fait un imposteur!
» c'est les vacances mais non en fait...

Un bijou fait d'or et d'améthyste. [PV : Éli]

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